Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 13:20


          En route pour la Turquie et les sites antiques de Hiéropolis et Ephèse

Hieropolis qui se trouve aujourd'hui en Turquie a été créée quand cette région appartenait à l'empire romain, autant dire l'Europe d'aujourd'hui.

La beauté des colonnes doriques est intacte


Plutôt que d’écouter le Président  de la République française martelant à Nice son refus de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, j’ai préféré me rendre en Turquie même.

 

Je me suis ainsi arrêté à Hierapolis en Anatolie occidentale. Non je ne me suis pas fait arrêter hier par la police !.



                                           ( l'arène )


Le combat de gladiateurs prévu aujourd'hui dans l’arène entre Gilius Simon, le gaulois et Nadalus, l’hispanique n’a pas pu avoir lieu, des producteurs de lait ayant bloqué l’entrée de l’amphithéâtre pour protester contre la chute du prix du lait, tombé à moins de  trois sesterces le litre. Cela n’a d’ailleurs aucune importance les deux malfaisantes fripouilles (on ne faisait pas grand cas à cette époque de la vie d'un gladiateur) étant de toute façon destinées à finir rapidement dans la fosse commune.

 

La ville est des plus agréables.
                                                   (Temple d'Apollon)

J’y  ai fait un petit « zoupé » (comme on prononçait au temps du haut empire romain) fait d’une côtelette d’un agneau fraîchement immolé à Poséidon, accompagné d’un peu de vin de Falerne.


 

Puis je suis parti pour Ephèse, ville dont les vestiges témoignent de la munificence des empereurs romains.




                                   la magnificence de la Bibliothèque Celsius


Arrivé là, j'appris qu'Apollon venait de quitter la ville  pour se rendre à un banquet chez les Ethiopiens. Cela n’étonnera personne d’observer que les Dieux grecs ou romains se trouvent souvent loin de chez eux quand on a besoin d’eux. Déjà Zeus, dès le chant  premier de l’Iliade d’Homère, était parti chez ces mêmes Ethiopiens et Poséidon faisait de même au chant 1 de l’Odyssée.

                                                                                      (temple de Domitien)
 

Je savais qu’Apollon avait toujours soutenu Troie, aujourd’hui en Turquie occidentale, contre les Grecs. La pomme de discorde n’est plus la belle Hélène mais la belle Chypre, située reconnaissons-le nettement plus près géographiquement de la Turquie que de la Grèce.

 

J’avais bien lu dans l’Iliade qu’Apollon, le cœur en courroux, avait décoché ses flèches aigües  sur les Grecs et « des bûchers funèbres, sans relâche, brûlèrent par centaines ».

 

Aussi je souhaitais le conjurer de diriger du haut de l’Olympe, comme il l’avait déjà exercé avec succès contre les Achéens, le trait de ses flèches sur la cohorte des chefs de l’UMP, qui ont encore rappelé par une dépêche de l’AFP que ce parti resterait toujours hostile à l’adhésion de la Turquie à l’UE. Il convenait  aussi de réserver un trait de javelot à Sarkozy, au verbe frelaté et réducteur, qui attise les querelles entre mortels, et à Michel Barnier, coupable d’une double infidélité à l’égard de la Turquie. Kouchner, oublions-le !.

Les vestiges de la Boulè, siège administratif de la ville, et du Prytanée, sorte d’hôtel de ville de la cité, nous rappellent le mode d'administration de la ville. Mais je filai en  direction du Grand Théâtre.

 

En route, comme les romains de l’époque, je passais par les latrines publiques dont les miasmes étaient effacés sous les lourds parfums d’Ephèse versés à profusion par les esclaves préposés à cette fonction. Ce lieu public favorisait les débats politiques. Peut-être une politique de latrines, mais de celles qui font vaciller les plus hauts pouvoirs.


On y parlait ici d’un roman policier de John Maddox Rubbert, intitulé « SPQR »,(dans la collection « j’ai lu »), là on évoquait les travaux d’assainissement de la rue des Courètes, située au centre de la ville , commençant au Prytanée, traversant la place de Domitien et s’achevant à la bibliothèque de Celsius.

 Vue saisissante de la rue des Courètes (avec quelques touristes contemporains).

J'y entendis:


-         
le proconsul a lancé un appel d’offre pour les travaux de réfection des canalisations d’eau dans la rue des Courètes, disait  l’un.

-          On devrait réaliser ces travaux en régie directe, les entrepreneurs de travaux publics prennent  trop facilement la ville pour une vache à lait, contestait un autre.

-          Voilà pourquoi l’entrée de l’Amphithéâtre de Hiéropolis est bloquée ! plaisantait un troisième!

-          Il suffirait que la cité achète une centaine d’esclaves. Le sénat romain a fixé par décret le prix de base d’un esclave mâle en état de travailler à l’équivalent du prix de 20 bœufs.

-          Si la ville les achète on pourra les faire travailler plus et la ville y gagnera plus.

-          Mais il y a déjà beaucoup d’esclaves à Ephèse; ils sont de plus en plus nombreux et constituent vraiment une menace pour nous citoyens libres;

-          Sans main d'oeuvre servile aucune économie  n’est possible, ils construisent nos édifices et entretiennent nos vignes, leurs femmes nous servent. Sans eux comment vivraient-on?

-          Ils nous apportent nos plaisirs, les hommes pour le carnage dans l’arène, les femmes dans les maisons publiques

-          Au moins Stoïciens, aristotéliciens, sceptiques ou hédonistes nous sommes tous d’accord !

-          Sur le dos et l’échine des esclaves !

-          Passe-moi un peu de vin (car on buvait aussi du vin aux latrines publiques )

 

Je bus aussi une petite fiasque de vin, fait de raisin et de grenade, pas vraiment un nectar…avant de reprendre mon chemin.


                           ( fontaine trajane)

 

Dans l’Amphythéâtre on ne jouait bien sûr aucune pièce de Sophocle, Euripide ou Sophocle. Le concert de Rockus music prévu pour le soir venait d’être annulé, le chanteur souffrant d’une gastro-entérite aiguë, frappé par l’ire de Jupiter, irrité car il ne lui avait été sacrifié qu’une colombe, pas même une chèvre ou un bouc !.

le grand théâtre


Yanko 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 12:48









INJAZ

dromadaire cloné est né à DubaÏ










Les paraboles animalières de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » ne constituent pas une des moindres  richesses de l’ouvrage dans le contexte de la pensée monumentale de son auteur :

 

«  Qu’y a-t-il de lourd à porter ? dit l’esprit de l’homme devenu bête de somme, et il s’agenouille, tel un chameau qui demande à être bien chargé ». C’est cette représentation que Nietzsche a retenue pour l’homme faible, capable d’aller jusqu’à la destruction de soi, par opposition à l’homme fort, doué d’une volonté puissante et constructive.

 

Dans «  Mountolive-Le quatuor d’Alexandrie » Lawrence Durrell a décrit comment s’organise le dépeçage de ces animaux en vue d’une fête grandiose : « Les pauvres bêtes s’agenouillaient paisiblement, repliant leurs pattes de devant sous elles, comme des chats, tandis qu’une horde d’hommes les attaquaient à coups de hache sous la lune. Les animaux ne faisaient pas un mouvement pour parer les coups, ne poussaient pas un cri pendant qu’on les taillaient en pièces…Les chameaux regardaient fixement la lune sans rien dire ».

 

Dans le désert, le chameau n’est plus seulement une métaphore,  sa  condition et celle des hommes s’unissent pour ne plus former qu’un troupeau d’hommes et de bêtes. Dans « Désert » précisément de Le Clézio « Ils marchaient sans bruit dans le sable, lentement sans regarder où ils allaient…Le vent soufflait continûment, le vent du désert, chaud le jour, froid la nuit. Le sable fuyait autour d’eux, entre les pattes des chameaux, fouettait le visage des femmes qui rabattaient la toile bleue sur leurs yeux »…la nuit « les dromadaires dormaient les pattes entravées ».

 

Mais ce pauvre animal n’en a pas fini avec ses avatars. Le premier dromadaire cloné au monde vient de naître à Dubaï. Il s’appelle Injaz (réalisation). Les scientifiques présentent cette naissance comme une percée pour améliorer la race des camélidés.

 

Il faut dire aussi que ce même centre avait réussi il y a une dizaine d’années à croiser un dromadaire et un lama. L’animal né de ce croisement avait été appelé  Cama.

 

Mais on en finit jamais avec cet animal qu’est …l’homme..non le chameau.

 

Dans son ouvrage « Du malheur d’être reine –la reine Brunehaut :VIème /VIIème siècle- Bruno Dumézil raconte qu’elle  fut torturée, promenée au milieu des insultes sur un chameau avant d’être attachée à l’arrière d’un cheval fougueux et disloquée par les coups de sabot.

 

Il écrit que « le chameau, inhabituel dans les royaumes mérovingiens, devait signifier le reproche  de ses alliances avec l’Empire Byzantin ».

 

Aujourd’hui Byzance c’est Istambul et ce n’est pas Sarkozy, qui finira promené sur un chameau pour cause de soutien à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Souhaitons lui de ne pas prendre non plus de coups de sabots.

 

Reste donc à déterminer à qui dans le genre humain renvoient  métaphoriquement ces Injaz et Cama. On imagine assez bien les ministres et têtes de listes UMPistes aus élections européennes qui de pro-adhésion de la Turquie à l’Union européenne ont tourné casaque,  domestiqués tels le produit du croisement d’un chameau et d’un lama. Reste à ce que l’électeur soit cloné par les officines gouvernementales.

 

Et à l’occasion de la course des européennes entre chevaux et  dromadaires dans le désert politique, recherchons notre reine Brunehaut et taille basse, qui devait sans doute à son époque être elle aussi..un sacré chameau.


chameau en Turquie

Yanko.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 11:01


 

Public d'une scène d'opéra ou de la scène politique



La musique de Tchaïkovski est le contraire de celle de Brahms. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire qu’une musique est le contraire d’une autre ? eh bien qu’elle est.. à l’opposé. Ben voyons !

 

Bref il y a autant de cymbales brillantes, éclatantes, démonstratives dans la 4 ème symphonie de Tchaïkovski,  que j'ai entendue hier dans ma ville, qu’elles sont absentes dans la 4ème symphonie de Brahms, qui était programmée dans le même lieu la semaine précédente.

 

Tchaïkovski est éblouissant dans tous les domaines, l’orchestration, la mélodie et dans tous les genres,  de la musique de chambre à l’opéra. Il savait aussi ne pas déplaire aux grands de l’époque.


Il choisissait ainsi avec prudence les livrets de ses opéras autant qu’il veillait à composer une musique innovante, sans excès, en incorporant tout ce qu’il pouvait de thèmes traditionnels russes. Les roubles lui venaient du Tsar Alexandre III et de sa cour.

 

Il est difficile de jouer les censeurs quand on voit le spectacle politique, donné ces jours-ci en France, à propos de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

 

Le grand écrivait bulgare Ivan Vazov écrivait que son peuple, subissant le joug turc précisément, devait « courber la tête plutôt que de se la faire couper ».


A la veille des élections européennes pas moins de deux ministres ont ainsi courbé avec un bel ensemble la tête et l’échine devant l' (-in) Sultan de France.Kouchner et Barnier ont abjuré leur foi dans l'intégration de la Turquie dans l'Europe.

 

Le bienfaiteur bien rémunéré de l’Afrique, Kouchner,  explique  qu’il est « très choqué » par la pratique de la Turquie et son évolution vers ce qu’il a appelé « une religion plus renforcée, une laïcité moins affirmée » et il a saisi l’occasion du dernier sommet de l’OTAN,   il n’a pas apprécié l’attitude de la Turquie, pour déclarer qu’il n’était « plus favorable, désormais, à l’entrée de la Turquie dans l’UE ».

 

C’est bien dans la manière de ce néo- conservateur de découvrir ainsi tout d’un coup la situation de la Turquie – et je lui conseille de profiter de ses loisirs pour lire ne serait-ce que le livre « Neige » d’Orhan Pamuk, à défaut de livres de géo-politique qui de toute évidence le dépassent.


Ce qui est le plus vilain dans cette affaire c’est la manière, toute néo-conservatrice répète-je- (au sens où il prend une position idéologique et adapte les faits ensuite)  de s’emparer d’un mince et injuste prétexte, la position turque au sommet de l’Otan de Strasbourg,  pour virer casaque. Ah ! ce Kouchner il finira avec un chapeau mou sur la tête !.

Plus insidieux et, aussi, bien dans sa manière, le ministre de l’agriculture Barnier, tête de liste aux élections européennes en Ile de France, auparavant pro-adhésion de la Turquie à l’UE dans la perspective toujours réaffirmée de devenir Commissaire européen,  s’est désormais prononcé seulement pour « un partenariat privilégié UE-Turquie ».


Eric Zemmour n'a pas eu tort de rappeler dans un aticle censuré du Figaro qu'on  l'appellait "l'infidèle" ce qui dans le contexte de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne se révèle savoureuse.

 

Certes il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, surtout au bon moment. Et il est rare que de bons courtisans soient souvent des imbéciles quand il s’agit de changer d’opinion.

Et entre Sarkozy et Barroso il faut être une belle girouette  ( chacun sait que ce n'est pa sla girouette qui change mais le vent , reste qu'il faut que la girouette soit bien huilée). 

 

Ne seront des imbéciles en réalité que ceux qui, pour ou contre l’adhésion de la Turquie à l’UE d’ailleurs, se flatteront des nouvelles positions de cette espèce politique, car c’est l’intégrité morale de ces nouveaux convertis qui fait défaut.

 

Mais venons-en au Maître. Il a déclaré concernant cette adhésion « J’ai toujours été opposé à cette entrée et je le reste ». Cet argument est nécessaire et suffisant. Et ce sont ses ministres qui sont sensés changer d’avis. 

 

Pour bien montrer qu’il est le maître, l’homme qui a failli quitter le G20 s’il n’en sortait rien de satisfaisant (mais en fait il est resté y compris au dîner du début à la fin et ce sont les paradis fiscaux qui s'en sont bien sortis), a ajouté, à propos d’Obama, qui s’était montré favorable à cette adhésion : « Ce n’est pas aux USA de nous dire si la Turquie doit faire partie ou non de l’Europe ».

 

Depuis Reagan jusqu’à Bush, les USA se sont toujours clairement exprimés sur les frontières de l’Union européenne, sans que notre guide international n’y ait rien  trouvé à redire. Drôle de voir comment il découvre la lune.


Son ami  Jean-Louis Bourlanges, qui donne des conférences un peu partout en Europe sur ce thème, lui expliquerait que  les Etats-Unis ont toujours exprimé une opinion car il s’agit de l’évolution des espaces politiques et d’influence dans le monde qui ont des répercussions à court et moyen terme sur leur pays.

 

Le Président a aussi enfourché la question de l’Islam porteur de risques considérables selon lui pour l’Europe. Il est aujourd’hui encore mieux placé pour prêcher cette bonne parole, lui que le Benêt XVI a fait Chanoine honoraire de Saint Jean de Latran (les précédents chefs d’Etat avaient opposé à ce titre purement formel le principe de séparation de l’église et de l’Etat en France).


Et bien sûr toujours l’argument que la Turquie serait en Asie. Une partie non négligeable se trouve en Europe et d’ailleurs ce n’est pas la nature qui a créé cette frontière fort artificielle. La partie asiatique  n’est séparée de l’Europe que par le Bosphore, fort étroit à certains endroits. Et deux ponts relient les continents, le pont du Bosphore et le pont de fatih Sultan Mehmet, dit le Conquérant. A côté l’Angleterre c’est loin.

Les Tartuffe existent aussi en politique et le front bas de ceux qui nous gouvernent vont 
 faire tourner court le plus beau débat de civilisation que nous pouvions espérer. Après le 7 juin ...rideau.

 

Yanko

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 14:06

                                            Où sont les croisés d'antan?

Georges Courteline, avec son humour désespéré, disait que  « s’il fallait tolérer aux autres tout ce qu’on se permet à soi-même la vie ne serait plus tenable ».

 

Nous en sommes désormais bien convaincus à nos dépens. Ce que se permettent l’hôte de l’Elysée, les aventuriers de la finance moderne, les narco-traficants mexicains ne peut pas être toléré de la part de l’homme ordinaire.

 

La vie sociale des sbires qui ont accaparé le pouvoir nous est aussi étrangère que celle des Princes et Ducs de l’Ancien Régime et même de ceux du XIX ème siècle, jusqu’où ils ont survécu.

 

Parfois pour nous calmer un discours présidentiel exhorte, au nom de la morale, certain Président Directeur  Général du CAC  40 à modérer son bonus, comme si ce n’était pas les rouages de l’économie qui portaient en eux ces fléaux.

La morale n’est pas la même pour tout le monde, malgré les incessants rappels à Kant dit Raton (le « Quant dira t’on » de la morale) qui voulait forger des règles morales, universelles et nécessaires, mais qui n’étaient rien d’autre que les principes de sa nourrice et de son roi,  dont il chercha à nous faire croire qu’elles étaient fondées au regard de la raison humaine.

 

On peut plus aisément donner raison à Robert Musil, une fois encore, qui écrit dans son « homme sans qualité » que « c’est avant tout la qualité d’être de raison, punissable, qui fait de l’homme un être moral ». On souhaite punir un homme et on le fait au nom de la morale, inscrite si faire se peut dans la loi.

De nos jours les choses vont ainsi bon train. On dépénalise les délits financiers et on créée des délits nouveaux à l’encontre de Monsieur Tout-le-Monde pour mieux l’assujettir : par exemple les dispositions de la loi de mars 2007 qui criminalise le fait d’enregistrer des images de violence (art. 222-33-3 du code pénal) au nom d’un principe moral sans fondement qui ferait du filmeur un complice. Il convient d’avoir à la fois la morale et la culture de la sanction.

Voyons d’abord qui l’on doit punir, pour des raisons économiques, sociales, d’intérêts d’une caste, et bâtissons ensuite une morale, ainsi raisonnent consciemement ou inconsciemment ceux qui ont le pouvoir matériel, politique et …moral.

 

Plus habile et aussi normatif,  le philosophe Marcel Conche dans son livre « le fondement de la morale «  (Editions de Mégare) envisage un progrès moral qui s’inscrit selon lui dans un progrès des idées et des exigences morales.  Si un  tel progrès, dit-il, n’avait pas eu lieu, « notre morale serait celle des Celtes ».

 

Parfois on se satisferait bien de cette morale des Celtes, surtout les bretons. Dans le pays où je vis la morale est davantage issue de celle des Thraces mâtinée de trash.

Marcel Conche traite  courageusement de tous les sujets – le droit à la vie, le droit de punir, l’égalité de tous les hommes etc… » avec un succès hasardeux

 

Il écrit par exemple que l’on doit exprimer les principes de « l’humanité » à la place de ceux qui ne le peuvent pas, ne l’osent pas ou ne songent pas à le faire.

 

Il prend l’exemple de l’« enfant attendu, non encore mis au monde, qui est notre égal, car il est enfant en puissance, il a déjà en puissance, la capacité de discours, et doit être considéré comme ayant  déjà en lui toute la dignité  humaine indivisible, et comme étant une personne, qui a le droit que l’on se substitue à elle pour faire entendre sa voix »

 

La petite brésilienne, violée par son beau-père, qui l’a fécondée de deux jumeaux, serait donc mal venue d’avoir subi un avortement et le pape avisé d’avoir excommunié son entourage. Marcel Conche comme le Pontife  sont là pour rappeler leur morale universelle, intraitable, sourde à la vie réelle.

 

Pourtant les proches de cette enfant se sont bien substituée à elle pour la délivrer du lourd fardeau qu’elle portait et on fait preuve de valeur morale et de courage bien plus grands.

 

La morale est bien souvent une machine à imposer, contraindre, ligoter. Le Pontife est d’ailleurs là pour le rappeler. Nos valeurs éthiques ne nous appartiennent pas. Elles sont divines, immuables exprimées du haut des fenêtres vaticanes.

 

Et là où la morale devrait s’introduire elle manque.   

 

Manuel Valls, dont l’honnêteté  intellectuelle et l’ancrage à gauche ne sont jamais totalement confirmés, a critiqué Ségolène Royal qui, selon lui, avait demandé  pardon, au nom de la France, pour l’impayable discours de Sarko indiquant que « l’homme africain n’était pas assez entré dans l’histoire » .


Certes il est difficile à l’homme africain d’entrer à la fois dans les soutes des bateaux des négriers et dans l’histoire. Surtout que "le nègre" était considéré comme une marchandise et juridiquement comme "un bien meuble" -même enchaîné- et le Pape de l'époque, en 1454, autorisé  la traite des esclaves.

 

Et d’un point de vue moral il était nécessaire que quelqu’un exprimât au nom d'une partie des français la honte de ces propos.

 

La droite française a indiqué que ce n’était pas démocratique de s’exprimer ainsi. La morale,quand elle n’est pas faite sur mesure, et la démocratie ne feraient elles pas bon ménage?




 

Yanko

PS: plutôt que d'écouter les insanités de Sarko il est conseillé de lire le beau livre de Giuseppe Conte "Le troisième Officier", publié aux Editions Laurence Teper


 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 12:13

                                                          Si vous voulez venir prendre un verre



J’assistais hier soir à un concert donné dans ma capitale par Neuville Mariner. Une surprise! C’était dans le cadre de mon abonnement et je ne prête jamais attention au programme qui sera donné pour découvrir sur le moment avec un plaisir supplémentaire les œuvres jouées.



Au début je crus qu’il s’agissait d’un hommage à ce dirigeant d’Orchestre, fondateur de l’Académie de Saint Martin of the fields, dans les années 1950, ce qui ne date pas d’hier. Mais ce fut bien lui, avec ses 85 ans, alerte et très à l’aise, qui a dirigé l’orchestre national.

On reconnaît immédiatement le son de ce chef très fin, où tous les pupitres jouent parfaitement à l’unisson, timbre et couleur, et qui parvient à faire sonner une grande formation comme si elle était fort légère. Il a ainsi interprété la 4ème symphonie de Brahms, qui est d’une douloureuse et tendre évidence, sans caractère tragique et pas encore nostalgique (cela aurait sans doute était le ton de sa 5ème mais il ne la pas écrite…dommage).

 Mariner ne joue d’aucun effet de volume sonore, et c’est ainsi qu’il ne faut pas surjouer Brahms. Il convient seulement d’exprimer toutes les subtilités de sa musique et laisser les auditeurs l’écouter.

Les musiciens de l’orchestre se sont surpassés et c’était la moindre des choses. Tout le monde a été ovationné !

J’en suis ressorti frémissant encore de musique et, dans ces premiers jours du printemps, baigné par la fragrance des bourgeons en fleurs. Très vite cependant ce sont les miasmes des poubelles qui l’ont emporté. Car la question du ramassage des ordures dans la capitale est posée mais pas résolue.



Le chef du gouvernement qui n’aime pas le maire de la Ville a déclaré que « c’était Bollywood ». Cette image est restée.

Pourtant c’est drôle de voir comment le glissement de sens a joué. Le film Slumdog millionaire – avec la délicieuse actrice Freida Pinto- se passe en effet dans les bidons-villes de Bombay, où se trouvent les studios de tournage, le Bollywood indien. De là à appeler toute grande ville où un problème d’enlèvement des ordures se pose, par exemple Naples ou Marseille pour ne fâcher presque personne " Bollywood," il y a un pas, vite franchi ici, avec succès.

Beaucoup de mégalopoles, empêtrées dans leurs déchets, peuvent devenir des Bollywood.. La région Ile de France est assise sur une montagne de détritus. Heureusement il y a le tri sélectif et les élections régionales.

Dans le bac vert on doit mettre les bouteilles de vin et si Cohn Bendit n’a jamais été un vrai rouge, comme le bon vin il s’améliore en vieillissant, et l’ex -gauchiste devient de plus en plus libéral, jusqu’à ce qu’il en soit madérisé.

Dans la caisse bleue on trouve les vieux papiers et cartons, la grande Pécresse devant l’éternel, devrait y trouver les bulletins de vote de ceux qui ne voteront pas pour elles, les enseignants-chercheurs et la population universitaire si l’on veut, qui la verraient toutefois volontiers débarrasser le plancher.

La caisse jaune permet de trier les matières plastiques et tout ce qui relève des nouveaux matériaux , le Modem s’y retrouverait aisément.

Les « Rouge » n’ont semble t-il pas trouvé leur place dans ce tri nécessaire. Mais la police se chargera de les caillasser, les prendre en étau, les lacrymoger, les matraquer, les enfouir, grâce à l’expérience acquise à Strasbourg au sommet de l’Otan, où il n’y a eu aucune bavure policière, dès lors que l'on admet bien qu’il n’y a pas de police sans violence. Le tri est fait et la place nette.

Parfois les mêmes contestataires manifestent contre la création des nouveaux sites d'enfouissement des ordures. Qu'à cela ne tienne on sonne la charge des CRS. Merci MAM, avec toi  il n'y a jamais de bavures. C'est Madame Propre pas comme ces ordures de révolutionnaires.

Le Bollywood touche tous les domaines. Lorsque le gouvernement français quitta Paris en septembre 1914 , craignant que la capitale soit prise par les Allemands, Clémenceau déclara « Voilà l’ordure qui s’en va ». Mais aujourd’hui il faut attendre les élections générales.

Enfin l’abbé Mugnier notait dans ses mémoires que « Théophile Gautier avait l’ordure facile ».

Facile..facile…





Yanko
Partager cet article
Repost0
6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 16:04

                                        Cabotine chantant une cavatine

Je suis allé entendre hier dimanche en matinée, c'est-à-dire à 4 heures de l’après-midi, Rigoletto de Verdi. Dans l’attente, je voulus lire un livre qui ne me distrayât point trop de mes pensées toutes tournées vers mon programme opératique et je choisis « la Duchesse de Langeais » de Balzac.

Le sujet en est tout bonnement simple. La Duchesse de Langeais déclare à son éperdument amoureux Montriveau (le contraire de Montriveau c’est Mesrival) qu’elle lui accorde son cœur mais pas son corps. Ce dernier, bien que son amour soit pur et absolu, refuse cet état de chose et lui fait savoir que dès lors il ne la connaît plus. Elle se ravise et lui propose de lui appartenir corps et âme. Mais Montriveau ne veut plus alors ni de son coeur ni de son corps. Elle finira dans un couvent reculé d’une île espagnole où elle méditera jusqu'à la fin de ses jours sur le ratage de ses amours

Balzac raconte cette histoire des mœurs de la vie parisienne sur quelque deux centaines de pages, sans enflure de style certes, mais cet amour platonique devient parfois un peu lassant. Peut-être eût-il mieux fait de nous décrire sur autant de pages des relations plus vertigineusement sensuelles.

Dans Rigoletto, comme on le sait bien compte tenu de la renommée de cette œuvre verdi..gineuse, l’affaire se présente toutefois mieux sur ce point. Le Duc de Mantoue s’amuse et s’entend à séduire les femmes et les jeunes filles. Gilda la fille de Rigoletto compte bientôt au nombre de ses conquêtes. Le père fait alors appel à un spadassin pour qu’il joue du stylet dans les flancs de DD (Duc Débauché). Par un savant et troublant concours de circonstances à la Rouletabille c’est Gilda que le sbire passe au fil de son épée en lieu (une taverne) et place du Duc.

Mais là le symbole de l’épée dans le corps de Gilda est plus que clair. Elle sort même de son linceul, un sac en toile de jute, pour clamer son amour pour celui par qui tout son malheur était arrivé.

Tout l’Opéra, enfin si l'on veut, tourne autour du point de savoir si le Baryton Rigoletto, le rôle-titre, emportera davantage de suffrages des auditeurs que le Ténor Duc de Mantoue dont l’air « la Dona e mobile» fait un tabac depuis le 11 mars 1851 jour où l’opéra a été créé à la Fenice de Venise ( c'est fort de chanter que la femme est volage quand on est soi-même de moeurs relachés).

Hier, c’est le Baryton Rigoletto qui a gagné aux points pour son phrasé mélodique autant que dramatique, face à un ténor dont la voix et le chant exprimaient avec un naturel saisissant la vie élégante à la Cour d’un Prince de la Renaissance, lettré, jouisseur sans vergogne, aux mœurs humanistes autant que cruels, ou vice-versa autant cruels qu'humanistes, comme on se plaît aisément à l’imaginer.

Mais ma voisine était manifestement venue soutenir la Soprano Gilda, dont elle devait être la sœur ou le professeur de chant, si j’ai pu en juger par le fait qu’une cinquantaine de spectateurs au moins soient venus la saluer avant le début du spectacle et que le reste de la salle s’en est acquitté pendant l’entracte. A l’exception d’une petite cohorte d’italiens venus là exclusivement pour saluer la gloire d’un de leur compatriote et bénir une nouvelle fois un des chefs-d’œuvre de leur patrimoine musical national.

La dame s’époumonnait à hurler des bravos d’une voix stridente, qui, tout compte fait, m’a fait penser qu’elle ne devait pas être son professeur de chant.

Comme elle était accompagnée d’une charmante jeune femme, portant bustier et chemisier noirs, qui offraient des reflets ondoyants et moirés sous les lustres de la salle d’opéra et jupe noire à paillettes dorées assortie,  au sourire égal, indifférent et ravissant,  je décidai de me rallier à leur cause.

Mais plutôt habitué, quelque soit la qualité de leur chant, à agonir les méchants personnages de l'histoire de paroles telles que « fesse-mathieu morbleu, égorgeur etc...… » , je ne savais sur quel vocable m’égosiller.

Je voulus dire qu’elle me faisait pitié dans cette histoire pathétique et je m’étranglai sur le cri de « pitoyable », peut-être parce que si les airs que Verdi lui avait offerts étaient aussi sublimes que ceux écrits pour les rôles masculins, la mâtine cantatrice de cette mâtinée, les avaient chantés d’une voix trop de tête à mon goût.

Je n’eus plus qu’à profiter de la pénombre de la salle pour m’éclipser prestement bien que sous les salves d’applaudissement nul n’avait entendu distinctement mes propos.

La jeune femme en noir et or connaîtra t-elle la vie de la Duchesse de Langeais,  celle de Gilda ou celle de ..la fille aux yeux d’or?.

Yanko .

Partager cet article
Repost0
27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 15:54


J’ai acheté par Internet et par erreur le livre de Patrick Rambaud « Chroniques du règne de Nicolas 1er ».

Mon erreur provenait de ce que j’avais aimé son livre « la bataille » merveilleux roman historique qui évoquait l’épopée napoléonienne et l’empereur russe de l’époque était Nicolas 1er, tsar de toutes les Russies.

En fait il s’agit de la chronique de la maison Nicolas dont le siège social est actuellement le palais de l’Elysée.

Les auteurs de la Chronique « Sauce Piquante » dans le journal « Le Monde » doivent avoir savouré cet ouvrage si l’on se réfère à quelques clins d’œil dans leur article Nicolas 1er appelé Boudrillon, sobriquet de l’insupportable orgueilleux qu’était Saint Simon, malmené aussi dans l’introduction du livre de Patrick Rambaud.

Ce qui est fort drôle c’est que les lecteurs du journal s’en donnent à coeur joie pour accorder à Sarkozy le surnom qui lui conviendrait le mieux. Le résultat est divers mais l’entreprise n’en est probablement qu’à ses débuts, la gloire du personnage étant encore loin de son firmament.

On trouve la cohorte des Nicolas le simple, le Toqué, le Fourbe, le Forelore, l’effaçable, le surpassé ou Nicolas Rodomont, le rat-blinguet, le Clinquant, le Vibrion etc… D’un point de vue plus syndicaliste il y Nicolas..cheur, Nicolas..crimogène, Nicolas..cunaire, Nicolas..mentable, Nicolas..Le Bas. D’un point de vue plus politique « Le Président la Pile, Duracell, Nicolas Picsou, Rapetout, Nicolas Fouquet’s (j’aime bien). Plus People, Nicolas Bruni, rolexifère, Nicolas Talonnettes.

La quantité tue la qualité et peut lasser. Mieux vaut un simple Benêt XVI, pour le Pape et un humour saint.

Mais les surnoms ont plus d’importance qu’on ne leur en accorde généralement. Par exemple, pour le roi Philippe Le Bon, qui ne signifie pas bon mais valeureux ou Charles le Simple qui ne signifie pas benêt (ni XVI d’ailleurs) mais vrai, honnête et loyal.

Le contenu moral des mots évolue et la morale aussi, qui n’est pas la même pour tout le monde et par tous les temps.

Nietzsche par exemple, qui comme chacun le sait s’est préoccupé de l’origine de la morale, affirme que ce sont les rois, les guerriers, les aristocrates de toutes sociétés qui se sont désignés en premier lieu eux-mêmes comme bons, et que ce terme, d'une manière simple et spontané, désigne la richesse, la beauté, les plaisirs, en un mot, l'excellence.

Et Nietzsche de fustiger le renversement des valeurs morales, où celui qui est bon maintenant, c’est un homme altruiste, charitable, accessible à la pitié.

Mais qu’il y ait ou non inversion des valeurs morales elles ne sont pas ancrées dans la conscience humaine en tant que telles.

Et lorsque Sarkozy dit que les grands patrons, les rois de la finance, les aventuriers du crédit hypothécaire doivent renoncer pour des raisons morales à leurs bonus, il se moque… Ces grands dirigeants comme les narcotrafiquants mexicains ont leurs propres valeurs morales. Ils sont bons, forts, aiment le luxe et les plaisirs, méprisent les opprimés, les humbles, les justes et Sarkozy nous vend une morale pour en favoriser une autre.

Et donc appeler Nicolas 1er sinon Nicolas le Bon, Nicolas le Bonus. 

Yanko














Partager cet article
Repost0
19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 11:59

 

Un vieux Touareg scrutant l’horizon déclarait avec un air de profonde sagesse qu’il y avait toujours plein de sable dans le désert.

 

Le Clézio ne dit peut-être rien d’autre que ce que disait ce vieux Touareg, dans son roman « Le désert », qui lui a assurément permis, bien qu’il n’a pas été le seul à écrire sur ce sujet ( Saint-Exupery dans « Terre des hommes » par exemple…),  d’obtenir le prestigieux Nobel de littérature.

Son héroïne Bella voit « les milliers de particules de sable qui lui fouettent le visage » ; « elle entend la voix du guerrier du désert, celui qu’elle appelle Es Ser, le secret » et qui n’existe pas. Elle aime « Le Hartani » jeune orphelin à la peau noire… qui est sourd et muet.

 

Et ajoute JGM Le Clézio «  les jours sont tous les jours les mêmes » et « le vent vient du désert en soufflant les grains de poussière dure » et quand il n’y a plus personne « C’est comme s’il n’y avait plus rien sur la terre, plus rien qui appartienne aux hommes ». Il décrit ainsi d’un style, aux utiles allitérations, sec et chaud, comme la roche désertique, la flagrance du soleil, du vent et du sable du désert. Description ardente d’un « continent invisible ».

 

Ce Le Clézio là aurait peut-être plu au Des Esseintes de Huysmans, qui dans A Rebours aimait l’écrivain latin Rutilius, qui arrivait à rendre « certaines impressions de la vue, le vague des paysages reflétés dans l’eau, le mirage des vapeurs, l’envolée des brumes entourant les monts ».

 

Si cela ne représentait pas une forme d’humanisation je parlerais d’ontologie du désert. Et comme le désert est désertique, n’est-ce pas, il faut bien parler de ce qu’il est et pas seulement de comment il est.

 



Balzac savait aussi trouver de jolies formules. Dans « La Duchesse de Langeais » Armand de Mortsauf  « après avoir marché pendant toute une journée dans le désert, se coucha le soir sur le sable, éprouvant une fatigue inconnue, causée par la mobilité du sol, qui semblait à chaque pas fuir sous lui ».

 

Mais c’est aussi dans ses scènes de la vie parisienne que le désert trouve une place métaphorique : « Ces hommes se parlaient seuls au coin d’un mur, aussi loin des autres hommes qu’ils eussent pu l’être au milieu d’un désert ».

 

Et bien sûr un bédoin comme Le Clézio qui parle si bien du désert ne peut pas être à l’aise parmi l’aréopage des écrivains parisiens, ni capable de se faire des affinités électives (ou des amitiés sélectives si l’on préfère).

 

Pourtant les écrivains français l’aiment généralement. S’ils déclarent que le paysage de la littérature française actuelle est un vrai désert (pour les besoins de cet article peut-être) ils  apprécient en principe trois auteurs: «  Le Clézio, Modiano et soi-même » (Sollers par exemple quand il donne à l’envi son avis).

 

D’autres toutefois  estiment que le prix Nobel de JMG le Clézio est «immérité », comme le professeur de littérature Frédéric-Yves Jeannet. En raison de sa propension au bavardage, de sa prolixité. Si l’on veut de son enflure, de sa boursouflure, de la vacuité de son discours…

 

Bien sûr un professeur de littérature à l’Université de Californie-Los Angelès  a immédiatement répliqué , en indiquant que ce n’était pas la première fois que l’on menait un tel procès contre un écrivain alors que « même chez Proust, là où il fallait deux mots, il y en avait trois cents ».

 

Mais beaucoup d’entre nous ont lu tout « A la recherche du temps perdu » en deux semaines, certes en lisant nuit et jour. Or je gage que peu de lecteurs en ont fait autant des quelque 50 ouvrages en tous genres de JMG Le Clézio.

 

Et puis si on ne peut plus dire de Sollers, Bernard-Henri Levy, Houellebecq, D’Ormesson…que ce sont d’impénitents bavards, à la jactance insupportable..parce que Proust, Voltaire, Dumas, Balzac.. ont aussi beaucoup écrit…alors mieux vaut-il lire les homélies et messages papaux.

 

Je suggère que pour tous les prosateurs à l’écriture enflée on se borne à isoler quelques bonnes pages, comme par exemple « Manon Lescaut », bijou aux accents rétro de l’Abbé Prévost.

Ainsi «  Le désert » qui frôle la perfection de style pour un décryptage du Monde et de notre condition humaine si peu amène.

 

Pour la lecture des autres œuvres du bougre nobélisé, que chacun fasse ce qu’il veut, comme l’a dit dans d’autres circonstances la Ministre du Logement Christine Boutin pour l’usage du préservatif ( Avec un préservatif ce n’est pas drôle, a t'elle dit (mais sans préservatif c’est un petit drôle qui vous arrive).

 

Comme rien n’est vraiment drôle chez Le Clézio,et qu’on reproche à ses ennemis de ne pas comprendre «sa musique inaccessible à toutes les oreilles », je proposerais une musique…d’Opéra.


La belle Aïda invite le noble Radamès à fuir avec elle :

 

« Ah non ! fuyons !

Oui fuyons hors de ces murs

Fuyons ensemble vers le désert

Ici ne règne que l’infortune

Là-bas s’ouvre un ciel d’amour.

Les déserts interminables

Seront notre lit nuptial ;

Sur nous les astres brilleront de leur plus pur éclat ».

 

Certes tous les deux ne le verront jamais, enfermés ensemble vivants dans leur tombeau  mais ils auront toute l’éternité pour faire leur propre traversée du désert en lisant les œuvres complètes d'un dénommé JMG Le Clézio.


Yanko 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 14:09


 




J’assistais hier soir à une représentation de l’Opéra de Massenet « Don Quichotte ».

La musique de Massenet est solide et la mise en scène très colorée ne manquait pas de piquant,.

L'histoire avait été replacée dans l'amérique californienne du milieu du XX ème siècle, avec des gratte-ciel et casinos.

La musique de Massenet n’a ni les élans ni l’inspiration des plus grands compositeurs d’Opéra, mais sa prosaïque humanité et une musique dense et sans faiblesse d'écriture nous offre un grand confort intellectuel et moral. Au moins
.

Il est aussi intéressant de noter que cet opéra créé en 1910 à Monte-Carlo donne le rôle–titre à une basse et celui de Sancho à un ténor, alors que la soprano – Dulcinée de Toboso- n’est que le troisième personnage, essentiel toutefois, de l’histoire. Cela assurait à la partition, pour l’époque, une réelle modernité.

.

Pourtant le paladin et preux chevalier Don Quichotte méritait peut-être une musique plus exaltée, lui qui, d’après le livret (d’un certain Lorrain, mais pas Jean)  bouillait «  d’impatience héroïque et de fièvre ».

Mais en fait le livret de ce Lorrain réécrit le caractère du personnage en insistant moins sur sa folie et son attachement à une vision épique du monde que sur son élévation spirituelle quasi-christique, comme rédempteur plutôt que messie, ce qui du reste ne trahit peut-être pas l’esprit du texte de Cervantès.

Autant dire que le librettiste en a fait le Clint Eastwood des temps passés.Le Clint de Gran Torino, fantôme au visage pétrifié dans une glaise sèche, flétri et creusé de rides. A la recherche d'une catharsis.


Ils ont ainsi pu réécrire (en partie) le Don Quichotte de Cervantès et c’est bien ce que d’aucuns rêvent ou ont rêvé de faire.



L'écrivain argentin Borges, dans l’un,  très court et très drôle, de ses textes,« Pierre Ménard, auteur du Quichotte »,  fait réécrire l’ouvrage de Cervantès par un auteur contemporain, Pierre Ménard, et il se trouve que ce dernier n’y parvient qu’en réutilisant exactement les mêmes termes que l’original.

Il cite ainsi le membre de phrase du Quichotte (livre 1er chapitre IX) : « la vérité, dont la mère est l’histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l’avenir », que Ménard réécrit rigoureusement comme Cervantès l’avait fait avant lui.

Mais contrairement au brillant texte de Borges il n’est pas toujours aisé d’écrire dans les mêmes termes, dans les différentes traductions françaises, cette simple phrase. Et celles-ci présentent bien évidemment  des variantes.

Presque toutes conservent l’expression « émule du temps » bien que les mules aient généralement disparues de notre paysage. Mais cette formule  archaïsante convient bien au caractère du chevalier à la triste figure.

Pour le présent, l’histoire est -elle, comme certains le prêtent à Cervantès, « un exemple et une connaissance », ou bien « un modèle et une leçon » comme d'autres le suggèrent.  Et pour l’avenir est-elle un « enseignement » ou un « avertissement », suivant ce qu'ont arrêtées les différentes traductions. Mais "la connaissance" est tout autre chose que "la leçon" et  un "enseignement" n'est pas un "avertissement".

Toutefois on aura bien retenu que dans tous les cas l’histoire était « la mère de la vérité ».

Et comme Cervantès l'aurait peut-être admis, l’histoire étant elle-même la fille du Vol et du Crime, on peut en déduire facilement que la vérité est bien la petite fille du Vol et du Crime.

Yanko








Partager cet article
Repost0
17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 15:27

                                   Que ceux qui n'aiment pas l'opéra aillent rôtir en enfer

On donnait hier dans ma ville un concert Richard Strauss-Liszt-Ravel. L’œuvre de Strauss (1868-1949) qui a été jouée était son poème-symphonique Don Juan  qui lui apporta une célébrité internationale alors qu’il avait à peine 24 ans.

 

Bien qu’inspiré  d’un auteur romantique allemand Nikolaus Lenau , l’œuvre de Strauss ne présente pas une once d’élan romantique et c’est heureux car après avoir entendu un nocturne de Franz Liszt, le « rêve amoureux  » de surcroît, on avait le sentiment de se réveiller joyeusement d’un siècle d’introspection romantique musicale.

 

La musique était si l'on veut la caractérisation d’un personnage ( caractère, conquête amoureuse, échec), sans doute davantage celle de Strauss lui- même plutôt que d’un hypothétique Don Juan. Des traits musicaux  précis,  parfaitement ciselés par chacun des pupitres. 15 minutes de régal sans rédemption pour Don Juan.

 

La petite brochure qui était vendue à l’entrée  signalait que la première eut lieu  le 11 novembre 1889 (date d’un futur armistice) à l’Opéra de Weimar. Sans doute par manque de place il n’était pas indiqué que du vivant même de Strauss cet opéra a été réduit à un tas de cailloux et les décors et costumes partis en fumée.

 

Les américains avaient bien commencé dès le 13 février  1945, alors que la défaite nazie était déjà consommée,  en détruisant Dresde sous quelque 650 000 bombes et effacèrent, comme dirait Voltaire, « du meilleur des mondes » environ  35 OOO « coquins qui en infectaient la surface ».

 

Sous un déluge de bombes ce fut le tour de l’opéra de Weimar, qui avait offert à  Strauss son premier poste de Directeur musical. Puis à la suite de raids particulièrement meurtriers disparurent aussi les Opéras de Berlin, dont Strauss avait été  pendant  vingt ans le Directeur, celui de Vienne et enfin le 2 octobre 1945 celui de Munich, sa ville natale.

Dévastée il ne reste plus grand chose de Munich. Je n’y ai  trouvé comme vestige qu’une petite église roccoco,sorte de pied de nez aux bombardiers.

 

Heureusement les Américains n’ont pu détruire toutes les partitions d’Opéra. On sauve les meubles avant qu'ils ne brûlent.


Yanko 
 


Partager cet article
Repost0